Transition et tonalité

Je reviens d’une conversation avec Michel; on s’est vu hier soir à l’assemblée spéciale de l’AQUOPS, mais il devait partir rapidement… on a repris ça devant un bon café ce matin ! Dans l’auto en revenant, je me disais qu’il fallait que je me décide à nommer de quoi est fait ce tiraillement que j’ai à entreprendre tout billet un peu réflexif ces temps-ci.
Je suis en pleine période de transisiton professionnelle et mon cybercarnet en souffre, je crois. Je me permets moins de réfléchir tout haut. De cette façon, je me protège de certaines réactions, mais je me prive de pouvoir aller plus loin en nommant ce que je pense. En fait, je ressens le même plaisir à m’écouter penser, mais avant de me laisser aller à l’écriture sur cet espace, je pressens les réactions pouvant survenir et je modifie parfois ce que j’écris (quand je décide de publier parce que de temps à autre, je ne prends même pas la chance de publier).
Il me faudra trouver un équilibre entre « aucune inhibition carnetière » et « scrupule totalement inhibiteur ». Je me donne le droit de changer tonalité de mon carnet Web, mais je crois que je dois faire attention à devenir trop centré sur l’audience.
Prenons le cas d’hier soir. Je me suis surpris à revenir de l’assemblée spéciale de l’AQUOPS et de ne rien pouvoir publier. J’ai écrit pourtant… Mais tout ce que j’écrivais ne me semblait pas assez constructif. Parfois, je me mettais à penser que ce n’était pas à moi de transmettre des nouvelles qui importaient dans ma réflexion. En d’autres moments, je me disais que ce qui montait en moi était périlleux à exprimer dans un moment aussi fragile que celui que l’AQUOPS vit. Il y avait bien quelques pensées qui auraient équilibré le tout (quelques félicitations entre autres, pour l’ardeur du C.A. et du D.G.), mais je me suis pris à ne pas aimer ce que je voyais poindre comme réactions. C’est ici que le bât blesse.
Je me demande jusqu’à quel point je dois « réfléchir » à la portée (chez les lecteurs) de ce que j’écris dans un portfolio professionnel. Réfléchir « tout haut » m’apporte énormément, ça je l’ai compris. Mais écrire est une chose; les rétroactions font partie de ce qui explique ce gain en apprentissage que je fais. Donc écrire pour moi sans lecteur n’est qu’une partie infime de la motivation à tenir « pignon sur Web » à la façon d’un portfolio. Je dois pouvoir prendre des chances et le moins possible anticiper les réactions qui viendront. Tellement d’exemples vécus ici me rappellent cela; qu’est-ce que j’ai à tant écouter mes scrupules donc ?
Est-ce le fait que j’ai maintenant à faire à d’autres genre de lecteurs que ceux avec lesquels je compose depuis presque trois ans ? Par exemple, si j’écris dans ce blogue que je suis super emballé par le projet que je m’apprête à monter avec l’École Cousins Heureux. Est-ce que le fait de nommer l’école m’aide à mieux réfléchir ? Est-ce que je ne déguise pas mon « blogue » en info-pub, à quelque part ? Et eux, ils seront à l’aise avec le fait que je publie des aspects de ce qui est « en cours de réalisation » ?
Bref, autant de questions (et ce n’est rien à côté de celles que je n’écris pas en ce moment) qui me trottent dans l’esprit et qui, je crois, teintent mon ton (et mon absence « de ton » surtout) sur « Mario tout de go ».
Passer de directeur de l’Institut à associé chez Opossum trouble ma quiétude de carnetier, c’est bien évident. De nouveaux rapports vont s’installer et je vais trouver ma nouvelle zone de confort ici, j’en suis sûr. Je me sens déjà tellement à l’aise dans le peu de temps que j’ai passer dans les espaces de la rue St-Joseph (tient, beau nom pour la rue de nos bureaux de Op-iX; ce nom me dit quelque chose!?!).
Faudrait que je demande si quelqu’un a déjà vécu ça, un changement de « tonalité carnetière » ? Ça prend combien de temps à trouver sa nouvelle voix ? Est-ce que ce ton (nouveau) est bien éloigné du précédent ? Est-il né d’un nouveau regard introspectif ou d’un nécessaire arrimage avec le type d’audience qui vous rattrape ?
Est-ce bien sain de se poser autant de questions ?
Ce n’est que du « blogging » après tout… Allez hop! dans la piscine; j’ai un plongeon à essayer en cette chaleureuse P.M.

7 Commentaires
  1. François Guité 17 années Il y a

    Déjà, ce billet représente une fameuse catharsis. C’est le genre d’exercice qui enrichit le côté humain de la communauté.
    Je ressens les mêmes appréhensions au sujet de mes blogues scolaires. Quelque part, un blogue professionnel, de par sa nature, est délimité par un cadre. À tort ou à raison, je ne suis pas fixé ; mais, pour l’instant, j’ai tendance à croire que c’est pour le mieux, du point de vue de la majorité des lecteurs, à tout le moins. Car un blogue est un outil de communication.
    Je me sens beaucoup plus libre d’écrire ce qui me passe par la tête sur mon blogue personnel. Je me demande d’ailleurs ce que tu attends 🙂

  2. André Cotte 17 années Il y a

    Ce que tu vis, Mario, nous sommes nombreux à le vivre. Jeune prof, je « gueulais » souvent, à tort et à travers, partout… sans retenue.
    Puis je suis devenu « vendeur » de logiciels éducatifs et j’ai vite appris qu’un client n’aime pas se faire dire qu’il n’est pas de notre bord 😉 On apprend à peser ses mots en public, heureusement qu’on peut encore trouver des gens avec qui échanger « off the record ».
    Finalement, je suis passé au Carrefour éducation où, encore une fois, je dois respecter la neutralité attendu d’un portail public pour TOUS les enseignants. Je ne peux prétendre publiquement que certains des usagers de Carrefour ont tort et que d’autres ont raison.
    Voilà qu’à force de vous regarder bloguer, j’ai décidé de faire le saut…
    J’ai donc choisi soigneusement les sujets sur lesquels je peux me prononcer « privément en public » sans « trahir » mon rôle de coordonnateur de Carrefour.
    Tu devras trouver ton point d’équilibre… entre ce que tu peux exprimer publiquement et ce que tu dois conserver pour le cercle de tes intimes.

  3. Guitef 17 années Il y a

    Petite annonce : moniteur à vendre

    [Pause publicitaire] Ah, les blogues personnels… on peut y mettre ce qui nous plaît ! (Petit clin d¹oeil à Mario.) Toujours est-il qu¹après avoir changé mon portable et remplacé mon écran de bureau pour un plus grand (hé! hé!), je me…

  4. André Chartrand 17 années Il y a

    Après un peu plus de 6 mois d¹activité carnetière, il y a des moments où je trouve encore difficile, délicat cet incontournable exercice d¹autocensure.

  5. Photo du profil de Vannier
    Vannier 17 années Il y a

    Bonjour, je suis enseignant en France où nous sommes seulement maintenant concernés par la diffusion des nouvelles technologies de communication auprès des élèves. C’est pour nous français un phénomène nouveau qu’on a du mal à gérer. Une de mes élèves par exemple a écrit un blog dans lequel il tient des propos insultant sur ses professeurs et a par ailleurs diffusé leur photo sans leur consentement.
    La diffusion de ces blog est toute nouvelle, elle date d’il y a quelque mois. Vous semblez au Canada être bien plus en avance que nous tant sur le plan juridique que sur le plan éducatif. Pourriez m’en dire un peu plus ? En particulier la façon dont vous avez traité les cas de blog injurieux. Cela arrive-t-il comment réagissez vous ?
    Merci

  6. Mario Asselin 17 années Il y a

    Être en avance, c’est plutôt relatif. En fait, quelques écoles ont pris les devant et font « bloguer » les jeunes parce qu’ils voient dans la pratique du blogue une belle occasion d’écrire plus, de lire davantage et de mobiliser toute une communauté éducative au service des apprentissages. De plus, nous sommes en train d’adapter l’outil du blogue en portfolios électroniques. En cela, nous avons pris les devants. Chez vous, les jeunes semblent avoir pris d’assaut l’outil en dehors du cadre scolaire et c’est ce qui cause peut-être bon nombre des problèmes que vous rencontrez. Eux aussi, ils sont « en avance… »
    En ayant fait « bloguer » les jeunes dans un cadre scolaire, nous avons mis en place un certain nombre de mesures qui nous aident à encadrer les élèves. La gestion « à posteriori » de la publication se fait à l’aide des fils de nouvelles que les éducateurs lisent par leur agrégateur. Ce faisant, les jeunes savent que nous sommes informés rapidement du contenu de leur publication. Nous leur donnons de nombreux feedbacks balisant ainsi leur prose parfois débridée. Il nous est arrivé de devoir intervenir et souvent, le jeune lui-même a compris ce qui posait problème et a rétropublié (voir ce qu’est la rétropublication dans ce code de déontologie que les élèves et leurs parents doivent signer à notre école). Puisque les blogues sont hébergés sur les serveurs de nos écoles et non sur une plate-forme genre « Skyblog », nous pouvons aussi intervenir en cas de problèmes légaux.
    Bref, nous avons pris les devants et continuons de le faire pour s’aider à prendre le virage de ces nouvelles technologies et en faire des outils motivant sur le plan scolaire. Notre demain commun sera fait de changements de cette nature qui commandent à l’école de s’adapter pour faire apprendre mieux et plus ! C’est une de mes plus grandes convictions. Bonnes chances dans vos expériences et n’hésitez pas à réintervenir; de nombreux éducateurs-carnetiers passent par ici et ont souvent de belles expériences à partager…

  7. Photo du profil de karl
    karl 17 années Il y a

    Recopie d’un message à la demande de Mario.
    * A propos de phénomène nouveau
    Pourquoi ne pas regarder différemment la chose. Il y a une erreur fondamentale des médias, de la presse et des individus de penser que quelque chose est nouveau parce-qu’il circule par un nouveau médium, dans ce cas Internet.
    Est-ce vraiment un phénomène nouveau ?
    Je ne sais pas quand cela a commencé dans l’histoire, mais pendant toute mon existence, j’ai connu les caricatures de profs, les histoires que l’on fait circuler entre élèves, les plans sarcastiques pour tourner en ridicule les profs, etc. Cela fait partie de la vie de potache des élèves. Des propos insultants également, il y en a toujours eu entre les élèves à propos des élèves, en plus ou moins grands groupes. Nous avons insulté et nous avons été tous insultés semi-publiquement dans des groupes.
    Ce qui change là, c’est que le prof le voit. Mieux ou pas mieux ? 🙂 C’est une question intéressante. Vivons ignorant pour vivre heureux ? Parfois oui.
    * A propos de justice, pédagogie et carnets Web
    Les carnets Web existent depuis bien plus longtemps que cela. Le phénomène explose, donc il y a plus de chances que vous le notiez. Finalement, tout cela sera noyé dans le bruit, car il y en aura tellement que finalement cela ne se remarquera plus, c’est une nouvelle forme de communications. 🙂
    Sur le plan juridique, réfléchissez autrement. Que se passe-t-il quand un élève fait circuler un pamphlet, une BD caricaturale dans une classe ou dans une école. Oui ça se fait, c’est juste que vous ne le savez pas la plupart du temps 😉
    Sur le plan pédagogique, pourquoi ne pas utiliser directement les carnets Web dans le processus d’enseignement, de faire participer les élèves, d’inviter à la maîtrise de ce nouvel outil de communication.

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